#exhibitB Débat sur Exhibit B au salon de l'anticolonialisme à la Bellevilloise 15 février

Dimanche 15 février en début d'après midi (13h) à la salle Forum, un débat sur Exhibit B.

Vous vous rappelez de cette exposition, que je considère comme raciste malgré les intentions affichées du créateur Brett Bailey?

- L'exposition où les Noirs sont à moitié nus, muets, sous lumière décorative dans des tableaux vivants représentant les horreurs des temps coloniaux.

- L'exposition où le colon Blanc qui a fait ces horreurs est entièrement absent (puisque le crime est esthétisé, pas expliqué).

- L'exposition qui n'a pas pu avoir lieu que derrière des rangs des CRS qui "protégeaient l'antiracisme" contre des centaines de français noirs en colère.

- L'exposition défendue, sans droit de réponse par Télérama, par la Ligue des droits de l'homme, Politis, et Le Monde (ce dernier, sous la plume de Laurent Carpentier  se spécialisant dans le mépris du collectif contre Exhibit B.

- L'exposition dont le créateur vedette, Brett Bailey, a toujours refusé de participer à un  débat contradictoire, même à la radio. Pas de débat à Edimbourg ni à Berlin, pas de débat à Paris, à Londres ni à Santiago du Chili.

-L'exposition soutenue par le maire de Saint Denis *avant qu'il ne l'avait vue* mais au sujet de laquelle on a toujours dit à ses critiques "si t'as pas vu tu peux pas parler". (Faudrait il fermer les facs d'histoire, remplies de tous ces imbéciles qui parlent d'évènements qu'ils n'ont pas vécus?)

Voici ce que j'ai écrit en décembre

La victoire de la campagne contre #exhibitB

Je me repose un peu après deux mois de mobilisation intense contre Exhibit B (même si on essaie d’informer les antiracistes chiliens de l’expo programmée chez eux). Maintenant le débat commence à se déclencher : à la radio, au QG du PCF et ailleurs, certains commencent à prendre le temps pour écouter nos objections et nos arguments, ceux d’un petit collectif constitué de 14 personnes dont plusieurs artistes noirs, quelques individus déterminés à ne pas se faire insulter de cette manière et quelques militants antiracistes ordinaires.

Le collectif a réussi, pas seulement à faire annuler les deux derniers jours de l’exposition, et d’obliger les défenseurs de l’œuvre de Bailey d’entourer son « antiracisme » de rangs de CRS, mais surtout à faire passer deux messages. D’abord, on ne peut pas insulter les Noirs sur la scène publique dans notre société du XXIème siècle sans qu’il y ait une réaction de colère et d’indignation. C’est un message d’une très grande valeur, un message d’espoir pour des millions de gens en France. Deuxièmement, on ne peut pas « faire de l’antiracisme » sans écouter la voix des premiers concernés, ceux qui sont ciblés par le racisme jour après jour, années après année. Les organisations antiracistes qui se sont opposés à cette voix (« ils sont dingues » disait Agnès Tricoire de la LDH dans Grazia) devront se remettre en cause ou perdre encore de leur crédibilité.

Il y a encore les publications telles que Télérama qui refusent toute parole aux membres du collectif contre Exhibit B. Nous avons été invités à plusieurs médias (Africa N° 1, Tropiques, Beur FM, BFM, Itélé, France 2). Mais Télérama semble offensé que des gens qui n’ont même pas l’habitude de prendre des cocktails avec des directeurs de théâtre osent s’exprimer sur l’Art. D’autres sont, il faut le reconnaître, clairement de mauvaise foi. Bien conscient que le collectif n’a jamais été de l’opinion qu’un Blanc ne peut pas s’exprimer sur le racisme, certains ont quand même pondu de longs textes savants sur le fait que les Blancs avaient, eux aussi, droit à la parole, les pauvres.

Nous voyons maintenant un grand nombre de textes qui s’écrivent sur la question - certains d’une grande valeur, d’autres moins, je vous laisse faire le tri. Certains bons textes auraient été encore mieux s'ils avaient été rédigés il y a un mois quand on se faisait systématiquement insultés dans la presse. Mais l’existence même de tous ces textes est due au travail de ceux qui se sont mobilisés tous les soirs devant le TGP et le centre 104. Sans mobilisation, pas de CRS, sans CRS pas de journalistes, sans journalistes (pour l’essentiel) pas d’intellectuels qui écrivent dessus.


Ceux qui nous disent « L’exposition est tout à fait douteuse et critiquable, mais vous n’auriez pas dû demander l’annulation, car la liberté d’expression patati patata » n’ont pas compris la dynamique d’une campagne politique. On ne peut pas dire aux gens qui commencent à se mobiliser « Vous avez raison d’être en colère contre cette insulte raciste, mais ne demandez pas que l’insulte s’arrête ! » Ce n’est pas cohérent. Il existe des militants contre l’exposition mais contre l’annulation, mais l’essentiel du travail a été fait par ceux qui étaient en faveur de l’annulation. Rien de surprenant : ceux qui ont trouvé le temps et la détermination de construire une campagne sont ceux qui refusent d’accepter qu’on insulte les noirs dans un grand centre culturel sur de l’argent public. Et sans ceux qui construisent la campagne, pas de campagne, pas de réflexion dans les médias, pas de débats, pas de progrès sur les grandes questions soulevées par l’œuvre insultante de Bailey.



Et vous trouverez ici des dizaines de texte sur l'expositiion

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