#exhibitB et la censure

Mehdi D : 

Et donc les défenseurs bien intentionnés de la Culture pensent se poser au-dessus de la mêlée en dénonçant dans les manifestations anti Exhibit B du poujadisme, une atteinte à la liberté d'expression etc (il y a eu un peu tout et n'importe quoi). 

Pour ma part opposé par principe à toute censure, je ne vois pas en quoi une deprogrammation obtenue par une action politique menée par une partie des personnes qui sont LE SUJET de cette création serait scandaleuse. Le milieu culturel est plus prompt à soutenir les activistes lorsqu'ils s'attaquent à autre chose (un barrage, un aeroport, un spectacle culturellement illegitime) que ces temples sacrés de la Culture pourtant conçus en France comme opérateurs de la gentrification et de la segregation raciale en dépit des discours satisfaits et supérieurs des tenants du pouvoir culturel. 

A tout le moins on attendrait d'un artiste un tant soit peu soucieux de son éthique politique qu'il prenne acte du rejet suscité par son travail PAR CEUX-LA MEME DONT IL PRETEND SE FAIRE LE PORTE-PAROLE pour en questionner le sens, reconnaître ses limites et ses erreurs, et éventuellement proposer d'en modifier la nature en incluant les sujets de son discours. 

Si son oeuvre était ce qu'elle prétend être, elle contribuerait à ouvrir un espace de pouvoir pour les subalternes, pas un nouvel espace d'expression de la mélancolie victimaire de l'homme blanc, rongé par la culpabilité, mais toujours certain de sa supériorité morale et artistique. Les critiques politiques émises à l'encontre de ce spectacle sont solides et argumentees, bien plus que les propos des défenseurs d Exhibit B ne le sont. Cela témoigne de l'endroit où se situe l'espace d'une élaboration politique exigeante, et ce n'est pas dans les lieux de la Culture.