#exhibitB Il suffit d'aller le voir!

Depuis des mois on nous répète qu'on n'a pas le droit de critiquer Exhibit B si on n'est pas allé voir, que les vidéos de l'espo, les photos, les critiques dans la presse spécialisée, les (très) longues conférences explicatives de Bailey lui-même, ne suffisent pas : Taisez-vous et achetez un billet!

Pour l'essentiel, ce n'est qu'une excuse pour éviter le débat. Il y avait 4 000 billets pour l'exhibit B en tout et pour tout en France (et même là la moitié pour des abonnés). Alors cet argument permettait de garantir qu'il n'y aurait pas de débat.

De plus, c'est d'une superficialité hallucinante. Je suis historien et je vais fréquemment à des colloques où les gens débattent des causes et les significations de certains évènements qui  se sont passé il y a plus d'un siècle. Quelle bande d'imbéciles! Aucun d'eux n'était présent lors de la révolution industrielle ni de la première guerre mondiale! Il faut fermer les facultés d'histoire!

En réalité, bien évidemment, ceux qui sont allées voir Exhibit B sont divisés : certains l'ont trouvé raciste, certains pas du tout. On ne va pas pouvoir éviter de poser les grandes questions difficiles. Pourquoi c'est acceptable d'insulter la mémoire des afrodescendants. Il y a quelques mois, dans un autre contexte, je dénonçais un spectacle antisémite. Pas une seule personne ne m'a demandé si je l'avais vu!

Lassé par l'insistance monotone, quelques membre de notre collectif sont allés voir Exhibit B. Ils sont ressortis pour nous dire que là dedans il y avait, en effet, exactement ce qui était montré dans les vidéos et décrit par Bailey lui-même. Finalement, ce n'était pas de la magie après tout. Tout d'abord tous était d'accord que Exhibit B s'adressait à un public blanc - ce qui est déjà problématique, sur de l'argent public dans une ville multiethnique. Sinon, chacun avait une réflexion propre. Penda:

Je l'ai vu et je suis contre le parti-pris et la réalisation. Mais encore plus que ce qu'il y a à voir c'est la conception et l'organisation : pas de troupe ; des figurants qu'on appelle performers et qui n'existent pas au côté du "maître" cf. l'affiche ; un appel à la thérapeutique et au pardon alors que les comptes sont loin d'être établis… Un Afrikaaner qui explique aux noirs comment être dignes dans leur rôle de victime, c'est comme si un artiste turc mettant en scène le génocide engageait des descendant d'arméniens en leur donnant des consignes de dignité… C'est tellement gro(s)(tesque) ! Dans tout ceci, il y a une meta dimension où la démarche symbolise exactement ce qu'elle entend dénoncer : des noirs "agis" par des blancs réduits à l'état d'objet fût-il esthétique et bien-pensant. C'est loupé mais aucun officiel ne voudra le reconnaître.

Et maintenant nous avons la situation proprement historique où une mairie de gauche, un directeur de théâtre antiraciste et le MRAP applaudissent pendant que les CRS agressent de jeunes Noirs devant un théâtre public. Dans les rassemblements de très nombreuses prises de parole expliquent tous les aspects de ce problème de racisme implicite et de racisme structurel. Les vidéos sont sur le net pour qui veut écouter, mais force est de constater que l'essentiel de la gauche ne veut pas savoir .

Il va falloir en parler.

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