#exhibitB et la censure

#exhibitB et la censure

Beaucoup de militants de gauche sont choqués de voir que les manifestants devant Exhibit B appellent à l’annulation de l’exposition. “Il ne faut jamais censurer, jamais interdire” disent-ils. Parmi ceux-ci il y a un tout petit nombre qui essaient de comprendre la colère que cette exposition a suscité et de critiquer l’exposition, alors il n’est pas sûr que la question annuler/pas annuler soit aussi centrale qu’on le pretend.

La question de l’annulation, comme d’autres questions, ne peut pas être posée abstraitement. Prenons la question de la violence. Dans l’ensemble les militants de gauche trouvent que c’est une mauvaise idée d’agresser violemment un policier, malgré tout le système raciste derrière lui. Cependant, si un groupe de jeunes s’attaque à la police, notre priorité est de comprendre leur colère et populariser des revendications éventuelles.

Tous ceux qui font un minimum d’effort peuvent comprendre que les protestations contre Exhibit B sont pour l’essentiel une expression de la colère de personnes afrodescendantes contre un mépris perçu dans cette oeuvre. Que cette colère s’exprime par une demande (l’annulation) qui ne convient pas à beaucoup est tout à fait secondaire. Il faut voir le contexte! Est-ce qu’aujourd’hui en region parisienne, le danger principal est de voir imposer par la colère des Noirs, à toute la population, un repertoire artistique particulier? Non, la demande d’annulation est une demande de ne pas devoir subir la presence de ces representations dégradantes.

Personnellement, la demande d’annulation ne me gêne pas dans ce cas. Que cela gêne d’autres, soit, mais le travail de comprendre la colère et render visible les vrais problèmes de racism structurel reste le devoir de la gaucher radicale. L’abstraction est l’ennemi de l’action antiraciste.

John Mullen 1 décembre 2014