Contrer le Front national! Compte rendu des assises appeléss par la coordination contre l'extrême droite le 28 et 29 juin 2014

Contrer le Front national

J’ai passé le week-end aux assises appelées par la Coordination contre l'extreme droite ont eu lieu le 28 et 29 juin 2014 dans les locaux de Solidaires. Embryonnaire mais dynamique, le CONEX semble avoir l'ambition de devenir un centre d'organisation antifasciste bien plus solide qu'actuellement.

 Nous étions 90 personnes présentes : des militants ou délégués venant de la région parisienne (Paris, Marne la Vallée, Saint Denis, Champigny) et de Bretagne, Marseille, Besançon, Gap, Lyon, Reims, Rouen, Creil, Grenoble, Tours.

 A part des délégués de collectifs antifascistes existants ou en train de naître, il y avait des militants représentants des structures syndicales (SUD, CNT, FSU, CGT,) ou des organisations intéressées (CADAC, Ligue des Droits de l'Homme, collectif pour la défense des libertés fondamentales, Editions Syllepses…). Les militants des partis politiques et assimilés, m'a-t-on précisé, n'avaient pas le droit d'intervenir au nom de leur organisation.

Tout s'est passé entre 13h et 19h le samedi et entre 9h et 13h dimanche. L’organisation était exemplaire, efficace, les tours de parole bien organisés, pas de domination de quelques grandes gueules ici !

Pendant trois heures samedi, nous nous sommes divisés en quatre ateliers

1) L'atelier le FN au pouvoira posé les questions suivantes: Comment réagir contre les mairies FN. Surveiller, organiser des résistances locales et les faire connaître, et empêcher leur réélection?

La discussion a souligné qu'il ne fallait pas seulement penser aux maires FN mais aussi àtous les conseillers municipaux. Il y a besoin d'affiches attractives pour faire connaître et dénoncer des décisions précises des maires FN.

 Dans le contexte d'un développement du racisme d'Etat et autres, l’atelier se demandait comment aller au-delà d'une dénonciation du seul FN, tout en gardant une unité la plus large possible.

L'atelier a aussi souligné le besoin d'une présence antifasciste plus efficace sur internet.

 Il a considéré qu’il y avait un besoin urgent d'un visuel commun pour Conex, et d'un court appel à la fin des assises.

 L'atelier a débattu de la pertinence d une manifestation contre le congrès FN à Lyon en décembre. Manifestation ou contre-congrès  festif, ou les deux? Il a été rappelé qu'en 1997, on était 80 000 contre le congrès FN à Strasbourg, mais que cela était possible comme point d’orgue d’une longue série de manifestations locales.

Le deuxième atelier, où j'étais présent, s'intitulait " le FN et la jeunesse"

  

L'atelier comptait 22 personnes présentes, exactement moitié-moitié hommes- femmes. Les interventions tournaient autour de 60% hommes et 40% femmes.

D'abord on a eu des constats sur les difficultés ( montée des jeunesses réactionnaires comme contre le mariage pour tous, attractivité dans certains milieux des idées de Dieudonné/Soral considérées comme "anti système", déclin de traditions militantes), mais aussi des exemples encourageants. Si le collectif dans une ville avait du mal à attirer des jeunes, il a pu travailler avec beaucoup de jeunes lors d'une mobilisation spontanée de lycéens, suite à un graffiti néonazi dans leur lycée (le lycée s'est mis en grève). La mobilisation relativement spontanée pour défendre Léonarda était également citée en exemple, ainsi que la contremanifestation réussie à Gap lors de la visite de Le Pen.

D'autres collectifs organisent des projections de film et des concerts réguliers.

Le besoin d'un cadre antifasciste durable était considéré comme évident. Ce cadre n'est malheureusement pas sorti des mobilisations de 2002, malgré l'implication massive des jeunes dans ces manifestations.

L'axe de l’atelier était sur les activités nécessaires, il n'y a pas eu de débats théoriques, mais on sentait dans quelques interventions des analyses très hétérogènes (libéralisme= fascisme, le PS est peut-être aussi  fasciste etc.) Beaucoup d'interventions évoquaient l'islamophobie comme une partie évidente des axes nécessaires.

 Plusieurs intervenants soulignaient le besoin d'activités simples et faciles à organiser pour des nouveaux qui veulent s'y mettre. Un certain nombre d'idées furent proposées: popularisation de label "zone antifasciste" pour les bars etc. Il y a besoin de réinvestir le terrain face à des fascistes innovateurs. Les fascistes avec leurs rondes "anti-racaille", cours d'autodéfense etc. cherchent en permanence de nouveaux moyens d'action.

 Plusieurs personnes exprimaient une envie d'avoir des moyens de communication et des lieux d'intervention "modernes". Certains avaient produit des vidéos antifascistes pour Youtube (désinvox) ou des sites web dédiés à contrer les mensonges de l'extrême droite  (http://www.debunkersdehoax.org/ ) D'autres avaient organisé des présences aux festivals de musique (teknival, concerts punk et hiphop etc), et d'autres encore voulaient intervenir lors des matchs de foot auprès des supporters. Les dessins animés pédagogiques d'ATTAC étaient citées en exemple, et d'autres pensaient qu'un label antifasciste pour des évènements musicaux permettrait des interventions plus visibles.

Les enseignants présents se plaignaient que le programme scolaire ne parle plus vraiment de fascisme.

 Beaucoup de militants espéraient que la Conex pouvait devenir un vrai centre de ressources et d'organisation, auquel ceux qui voulaient monter un collectif pouvaient s'adresser, et trouver des ressources pédagogiques utiles.

3 Atelier antifascisme et internationalisme

Cet atelier a attiré beaucoup moins de monde. Un bilan a été fait de la situation dans les différents pays d'Europe, et un débat sur la situation en Ukraine a pris pas mal de temps .

4 Atelier Le FN dans la rue

Ce dernier atelier visaient à discuter des mobilisations possibles contre les groupes néofascistes en dehors du FN (bloc identitaire etc).

  

Dimanche matin
Le dimanche matin, la discussion, en quatre ateliers et puis en pléinière, tournait autour de la question : « Combattre l’extrême droite, outils et échéances ».

En est sorti l’importance de l’échéance de novembre – le congrès du FN à Lyon. Les propositions retenues étaient

- de multiplier les initiatives locales en octobre en preparation pour
- une grande initiative à Lyon  novembre 29 manifestation, et le soir un concert
- une série de débats dimanche 30 novembre.

Un appel sans ce sens a été publié dimanche.

Un grand travail en perspective, car la Conex est petite et n’a pas d’argent, mais le dynamisme et l’ambition sont impressionant. Il faut que l’ensemble de la gauche soutienne et mobilise.

Mon avis personnel

Le week-end m'a impressioné par le dynamisme et l'ambition des collectifs (une dizaine) et d'autres camarades présents. Une lutte unie et une campagne spécifique contre le Front national est essentiel. J’ai des camarades qui pensent que, la montée du Front national étant due à l’absence d’une alternative à gauche, il suffit de construire une telle alternative pour contrer le FN. C’est oublier que le Fn n’est pas seulement une série d’idées réactionnaires, mais une organisation qui cherche à se construire, qui veut des réseaux et des combattants partout. Pour l’instant le FN est faible sur le terrain, il faut les empêcher d’avancer.
Dans la Conex, une initiative excellente, il reste des défis sérieux

1) Malgré son ambition, la conex a 300 euros en caisse, et extrêmement peu de ressources militantes propres (une affiche, pas d'autocollants, deux ou trois brochures). Il faut une mobilisation bien plus large.

2) L'hétérogénéité politique est grande. Ce n’est pas grave dans l'absolu, mais lors de l'organisation des évènements et des collectifs et campagnes larges, il risque d'y avoir pas mal de camarades antifascistes qui font une priorité d'exclure tout ce qui
ne se démarque pas du PS, et qui voudraient mener des campagnes où seuls des anticapitalistes se sentent chez eux. Ce serait une grave erreur, car il existe bien plus de monde prêt à se mobiliser contre le facsisme que des anticapitalistes convaincus.

3)Beaucoup des militants antifascistes qui pense qu'il ne faut pas
se concentrer sur le FN, mais s'assurer lors de chaque intervention que sont dénoncés également les intégristes cathos, le bloc identitaire etc etc. Je crois que c'est généralement une erreur. Le FN est la locomotive, et si les autres groupes d'extrême droite c'est dans l'ambiance qu'a produit le FN. Aussi, pour la lisibilité d'une grande campagne, je crois qu'il faut viser
le FN

John Mullen, Ensemble Montreuil (capacité personnelle) 28.06.14