Sur les langues régionales: lettre ouverte à Jean-Luc Mélenchon
LETTRE OUVERTE A JEAN LUC MELENCHON
Monsieur le Député,
Le Parlement européen vient d’adopter, ce mercredi 11 septembre, le rapport sur les langues européennes menacées de disparition et la diversité linguistique au sein de l’Union européenne.
Notre réseau se réjouit de cette avancée. Nous sommes conscients que l’adoption de ce rapport ne règlera pas les questions soulevées par la nécessité de valoriser la diversité culturelle, comme l'UNESCO y engage ses membres, de fait d'ailleurs il n’engendre aucune obligation pour les états membres. La France est donc invitée à ratifier la Charte et à s’engager à la mettre en œuvre. Ces recommandations s’accompagnent de mesures que nous avons toujours défendues, à savoir « Déployer des politiques ambitieuses et volontaristes de revitalisation des langues et en consacrant un budget suffisant à cet objectif ».
Dès le mois d’avril, nous avions été sollicités par Mme Marie-Christine Vergiat, députée européenne de la région Sud-Est (PACA, Rhône Alpes, Corse), Front de Gauche, afin d’apporter notre contribution à la préparation de ce débat. Nous enregistrons avec satisfaction la prise en compte des amendements qu’elle a déposée.
Monsieur le Député européen, vous comprendrez que notre surprise, devant votre vote négatif (seul vote de gauche au milieu de celui de personnes qui ont toujours affiché leur refus de l’autre et de la diversité culturelle) a été grande et engendre une profonde amertume.
Pour nous la position du Front de gauche est celle exprimée par Marie-Christine Vergiat et le vote de son groupe (http://www.eurocitoyenne.fr/content/le-parlement-europeen-soutient-la-diversite-linguistique). Nous regrettons que votre vote tende à dénaturer le vote des autres députés de votre groupe et permette de revivifier une campagne insidieuse sur le rapprochement des extrêmes.
Vous êtes le Député européen de la circonscription Sud-Ouest qui recouvre le territoire français de langues et cultures basque, catalane et presque la moitié de celui de culture occitane.
À ce titre nous aurions apprécié que votre démarche soit identique à celle de Mme Vergiat, mais nous avions pensé qu’en tant que coordinatrice de la Commission Culture-éducation elle exprimait la volonté du groupe GUE/NGL, dont est membre le Front de Gauche, d’animer cette réflexion collective. Nous avions retrouvé là les prémices de la démocratie participative énoncée dans le programme « l’humain d’abord » qui dit que celle-ci s’appliquera à l’élaboration des lois.
Monsieur le Député européen, pendant la campagne des élections présidentielles, nous avons eu quelques échanges, pas assez sans doute, sur ces questions. Les uns et les autres nous avions des approches différentes, ce que nous concevons. Le projet pour l’art, la culture et l’information « Quelle humanité voulons-nous être ? » a prolongé la réflexion sur la partie culturelle de « l’humain d’abord » et le texte retenu invitait à donner toute sa dimension à la réflexion positive qui s’était ouverte sur la question des langues et cultures de France.
Cela s’est traduit par un texte du Front de Gauche, diffusé pendant la campagne. Texte que vous avez assumé, devant les journalistes, le 8 février 2012 à Montpellier en répondant « je suis le candidat commun, je suis d’accord avec tout ce que dit le Front de Gauche ». Ce texte a été diffusé par la suite dans les manifestations de mars, à Toulouse, en Bretagne, etc. Ce texte se conclut ainsi « Le Front de gauche dans sa volonté de refonder une Europe au service des peuples, intégrera les langues et cultures de France comme moyen d’ouverture sur nos voisins européens en proposant de revisiter tant la Constitution que la Charte européenne des langues, pour en permettre sa signature ».
Le Parlement européen a permis que ce débat s’ouvre désormais sur notre territoire national.
Notre réseau qui s’est déjà engagé, sans angélisme, dans le débat sur la Charte apportera sa contribution dans l’esprit de la volonté politique qui est la sienne, celle du pluralisme, qu’il soit linguistique ou politique ; dans la volonté que nos actes préfigurent l’ébauche d’une VIème République.
« Place au peuple » demeure notre mot d’ordre et ensemble « ne lâchons rien » : le choix de la souveraineté populaire n’est pas chose facile, alors ensemble surmontons les contradictions qui vont jalonner notre chemin. Nous sommes toujours disponibles pour dépasser au plus vite cette détestable situation, l’actualité politique des prochains jours va nous confronter à des débats sur ces questions : il est important de réaffirmer la position du Front de Gauche, celle du groupe GUE/NGL.
Le Réseau Langues et Cultures de France
16 septembre 2013
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